Agir contre l'obsolescence programmée : les solutions
Pourquoi réparer ? | Damien Ravé — Le 22 Aoû 2014 - 18h41
Avec la rediffusion du documentaire Prêt à jeter : l'obsolescence programmée sur Arte (voir en fin d'article), des dizaines de milliers de personnes vont se réveiller ce matin avec un sentiment d'indignation et se demander concrètement : que faire pour se défendre ? Voici quelques pistes :
Réparer vos objets cassés
Premier réflexe quand votre lave-linge, votre cafetière ou votre écran plasma hors-garantie tombe en panne : essayez de le réparer. Parfois il suffit d'ouvrir le capot et d'aspirer les poussières pour réparer un écran plasma promis à la poubelle. Le plus dur, c'est souvent de se décider, ou de convaincre votre conjoint. Et puis vous connaissez sûrement un génie de la bricole, un grand-père/oncle/cousin (ou une maman) qui n'a pas peur de changer un joint de porte ou un moulinet de lave-vaisselle.
Si vous n'avez pas d'expert sous la main, venez chercher la solution ou demander un coup de main sur notre forum commentreparer.com. Des centaines de personnes ont déjà obtenu des réponses à leur problème.
Acheter des objets durables
Vous trouverez forcément des témoignages dans votre entourage, au sujet d'un micro-onde ou d'un lave-vaisselle qui ont vécu plusieurs décennies sans panne, mais comment le prévoir à l'achat ? Si la durée de vie des produits n'est pas facile à évaluer et que les Services-Après-Ventes sont parfois dissuasifs, on peut néanmoins tenter de limiter l'obsolescence programmée en choisissant les produits qui proposent la plus longue garantie fabricant. Je parle bien de la garantie d'origine, pas des extensions de garantie que la grande surface vous propose en supplément. Car la garantie fabricant est un meilleur indicateur de la "confiance" de ce dernier dans son produit. Un certain fabricant d'aspirateurs sans sacs propose une garantie 5 ans sur ses modèles car ils ne tombent quasiment jamais en panne. Exemple à suivre...
Pour aller plus loin, vous pouvez aussi vous organiser avec d'autres consommateurs (voisins, amis, association) pour acheter en commun des produits industriels (lave-linge, lave-vaisselle, machine à laver, etc.) plus chers mais qui sont conçus pour une durée de vie beaucoup plus longue. Certes, faire la queue pour laver son linge ne fait pas rêver les consuméristes individualistes que nous sommes, mais c'est aussi l'occasion de réintroduire des échanges humains et de la convivialité dans les tâches ménagères les plus rébarbatives. Les projets de consommation collaborative de ce type sont en pleine effervescence, renseignez-vous !
Arrêter d'acheter les dernières nouveautés
La mode en matière vestimentaire et de gadgets technologiques est un des principaux moteurs de l'obsolescence programmée : votre téléphone est encore en état de marche, vos habits pourraient servir encore quelques mois voire plusieurs années, mais vous avez envie de les remplacer pour un modèle plus au goût du jour. Et si vous évitiez cet achat superflu ? Et si, la prochaine fois, vous achetiez un pull-over plus classique, moins tape-à-l'oeil, mais que vous pourrez porter dans un an ou deux quand la mode aura tourné ?
Le bon plan : achetez votre téléphone mobile d'occasion, sur un site de petites annonces ou un vide-grenier. Après Noël on trouve des dizaines de téléphones vendus quasi neufs "cause double emploi".Certes il sera moins "bling-bling" que le nouvel iPhone, mais c'est un choix assumé et vous serez donc moins tenté de le remplacer lorsque les nouveaux modèles sortiront. Vous aurez un modèle de l'année d'avant pour un quart de son prix d'origine, parfois encore sous garantie. Et s'il tombe en panne, vous en rachèterez un par le même canal.
Faire évoluer la législation
Et si on rendait l'obsolescence programmée hors-la-loi ? C'est compliqué. En France, des propositions de lois visant à étendre la durée minimale de garantie sur l'électroménager à 5 ou 10 ans ont été évoquées, mais n'ont pas été suivies d'effet. Les intérêts des industriels sont forcément en jeu, et nul doute que des arguments pour la défense de l'emploi ou de la compétitivité française seront employés (quand bien même la plupart des produits électroménagers sont produits à l'étranger). Peut-être que les citoyens devraient s'organiser pour convaincre leur député d'agir. Pétition ? Lobbying ? Encore faut-il se mettre d'accord sur les mesures qui feraient réellement changer les choses. Un exemple peut être trouvé en Belgique où le groupe écologiste à l'assemblée a présenté une série de mesures pour empêcher l'obsolescence programmée.
Avis aux amateurs
Ne pas y croire
Complot des industriels ? Hypocrisie des consommateurs ? Et si l'obsolescence programmée n'existait pas ? C'est la thèse d'Alexandre Delaigue qui a publié un article coup de poing : Le mythe de l'obsolescence programmée. Le débat qui s'ensuit (200 commentaires avant que l'auteur les bloque) et des réactions sur le mythe de l'économie prouve que cette thèse n'est pas forcément partagée par tous. D'ailleurs l'auteur ne conteste pas le cycle de vie raccourci des produits mais l'explication qui en est donnée dans le documentaire d'Arte : pour lui ce sont nos comportements de consommateurs qui entraînent cette usure accélérée.
Même si l'on se débarrasse de la thèse du complot et qu'on justifie la désuétude rapide des produits au motif que notre économie en a eu besoin pour atteindre notre niveau de confort (la production à bas prix ayant permis aux plus modestes de s'équiper de produits modernes), les temps changent. La question des déchets et de la production de CO2 devient centrale au XXIe siècle, et il serait grand temps de réfléchir à une alternative. Or des manières de produire sans mettre en danger l'environnement commencent à voir le jour. Les industriels qui se lancent dans cette voie seront peut-être les leaders de l'économie verte de demain.
Prêt à jeter, l'obsolescence programmée
Pour ceux qui ne l'ont pas vu, le documentaire d'Arte qui a fait connaître ce concept début 2011 en France :